En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Publié le Samedi 30 avril 2022
Julius von Klever (1850–1924) Jésus marche sur les eaux, 1880?, coll part
Julius von Klever est un peintre russe d'origine allemande, paysagiste, apprécié de son temps dans les milieux de la peinture officielle, ce qui lui a valu de nombreuses commandes que l'on peut voir aujourd'hui, notamment à la galerie Tetriakov et dans d'autres musées russes.
L'atmosphère de cette peinture Jésus marchant sur les eaux est irréelle, les flots agités dans la pénombre, la lune lumineuse traverse les nuages et éclaire un sillon dans la mer, formant comme un chemin sur lequel Jésus engage sa marche. Il se dirige vers la barque, ignorant la force de la mer, du vent, rien ne le retient.
Au loin, très loin, la barque des disciples disparaît dans la nuit obscure, elle est malmenée par la mer agitée. Ils ont seuls, le vent se déchaîne, les vagues sont violentes, tous les éléments extérieurs semblent leur être hostiles.
Jésus apparaît ici comme d'un autre monde, défiant les forces de la nature, calme, enrobé d'une longue tunique blanche qui ne vole pas avec le vent qui souffle. Sa tête est auréolée de lumière.
Tout paraît irréel et le contraste est fort entre Jésus avançant tranquillement sur les eaux vers la barque des pêcheurs qui subit bien réellement la tempête.
Jésus révèle peu à peu sa divinité à ses disciples.
Le soir venu, ses disciples descendirent jusqu’à la mer.
Ils s’embarquèrent pour gagner Capharnaüm, sur l’autre rive. C’était déjà les ténèbres, et Jésus n’avait pas encore rejoint les disciples.
Un grand vent soufflait, et la mer était agitée.
Les disciples avaient ramé sur une distance de vingt-cinq ou trente stades (c’est-à-dire environ cinq mille mètres), lorsqu’ils virent Jésus qui marchait sur la mer et se rapprochait de la barque. Alors, ils furent saisis de peur.
Mais il leur dit : « C’est moi. N’ayez plus peur. »
Les disciples voulaient le prendre dans la barque ; aussitôt, la barque toucha terre là où ils se rendaient.
Jn 6, 16-21
C'est le soir, le vent souffle, la mer de Galilée est agitée, tout est rassemblé pour envelopper de mystère l'apparition de Jésus qui marche sur les eaux pour rejoindre la barque des disciples peut-être un peu éloignée de la côte.
La marche à la suite de Jésus a échoué, les disciples sont seuls, livrés à eux-mêmes et la foule continue à chercher Jésus.
Un voile commence à se lever sur l'identité de Jésus.
Jésus s’approche des disciples en marchant sur les eaux, il s'affranchit des lois de la nature. L'eau qui les sépare devient chemin qui réunit.
Il y a ici une allusion à l'exode, la traversée de la Mer Rouge, où l'eau s'était transformée en chemin pour les Hébreux (Ex 14).
Les disciples sont saisis de terreur . Jésus leur adresse une parole apaisante en commençant par se présenter « c'est moi », en grec « ego eimi », mais cette expression signifie aussi "Je suis", le nom que Dieu donne de lui-même dans le livre d'Isaïe (Is 45).
Dans la révélation progressive de Jésus, un maillon supplémentaire est introduit : il est le nouveau Moïse, le nouvel Élisée, mais bien plus que cela, il s'approprie le nom de Dieu, et, comme Dieu dans ses révélations, il maîtrise le chaos des eaux et supprime la peur.