En lien avec l'Institut Catholique de Paris et la Conférence des Évêques de France
Publié le Lundi 23 novembre 2009
Levant les yeux, il vit les gens riches qui mettaient leurs offrandes dans le tronc du trésor.
Il vit aussi une veuve misérable y déposer deux piécettes.
Alors il déclara : « En vérité, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis plus que tout le monde.
Car tous ceux-là ont pris sur leur superflu pour faire leur offrande, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a donné tout ce qu'elle avait pour vivre. »
Luc 21, 1-4
Ce passage suit un bref réquisitoire contre les scribes et les pharisiens, qui reprend en partie les critiques qui leur avaient été déjà adressées précédemment. Mais ce rappel s’adresse tout particulièrement aux disciples en présence de tout le peuple qui écoute.
Ces hommes riches devaient se sentir fiers de leur générosité, ils se sentaient admirés, la taille de leur don n’était pas basée sur leurs moyens, mais sur ce que les autres pourraient penser d’eux. Ce travers ne nous échappe pas aujourd’hui, tant sur le plan de l’argent que des œuvres accomplies !!
Après cette mise en garde, Jésus lève les yeux et voit un singulier contraste.
Une fois de plus, il voit et dévoile ce qui passe inaperçu habituellement : une femme qui vient discrètement verser son obole. Les offrandes faites par les riches au trésor du temple sont sans aucune mesure avec celle , apparemment ridicule, deux piécettes, d’une veuve indigente. Cela représente tout ce qu’elle avait pour vivre, L'expression en grec est très forte , le mot grec, bios, désigne la vie et les moyens de subsistance (comme on dit en français : "gagner sa vie"). La femme donne "tout ce qu'elle a, toute sa vie". Ses ressources se confondent avec sa survie physique de la journée : elle a vraiment tout donné. Telle est la façon d'être et de faire de Dieu, Dieu donne tout, toute sa vie,
L'histoire dont parle la Bible se fait bien souvent par des veuves, des concubines, des hommes et des femmes que nulle chronique ne retiendrait. Mais Jésus connaît leur sincérité, la générosité de la femme, il sait regarder, reconnaître.
Et Jésus corrige solennellement l’aspect minime du don de la veuve. L’important n’est pas la somme que l’on donne, mais la somme que l’on garde par devers soi. La veuve, à l’inverse des riches, a offert tout ce qu’elle avait pour vivre et n’a rien gardé.
Jésus propose-t-il la veuve en modèle ? On sait l’intérêt permanent que Jésus, notamment dans l’Evangile de Luc, porte aux déclassés, parmi lesquels il place les veuves, les laissés pour compte d’une société largement dominée par les hommes.
Jésus ne fait d’ailleurs pas tant l’éloge de la veuve indigente qu’il exprime une lamentation sur la façon dont elle se fait dépouiller : « ils dévient les biens des veuves » est-il dit dans le passage précédent. Jésus dénonce indirectement une pratique fréquente des scribes qui incitent les veuves à se dépouiller à leur profit. Jésus, l’avocat des exploités, ne peut que condamner un système de valeur qui conduit à une telle aberration.